A Yurble stole my cinnamon roll! Circulation: 197,281,224 Issue: 976 | 10th day of Awakening, Y25
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Le secret de la mer


by petitehirondelline

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L’étendue bleue qui ondulait à perte de vue devant Ferita la révulsait. Le scintillement et le son apaisant des vagues l’avaient d’abord charmée. Après plus de deux jours sans avoir vu terre, cette danse hypnotique, ce va-et-vient continuel l’écœurait.

     Le soleil éclatant n’aidait en rien son état. Elle tentait de se faire un peu d’ombre en utilisant sa grande queue touffue. Son espèce n’est pas bien adaptée à la vie en mer. Elle aurait bien voulu avoir les nageoires d’un Flotsam ou les branchies d’un Koi. L’épaisse fourrure des Xweetoks s’imbibe plutôt d’eau rapidement, devenant ainsi plus lourde et ne lui permettant pas de nager bien longtemps. Un pelage plus clair aurait aussi pu lui permettre de rester au frais. Malheureusement, son poil était gris foncé et retenait la chaleur facilement. Utile lors des temps plus frais à Meridell où elle habitait, mais moins au beau milieu de la mer en plein soleil d’été.

     Ferita était donc perdue au milieu de nulle part sur une chaloupe, seule. Tout ça était de sa faute. Elle avait été bête d’accepter une expédition sur une île à l’autre bout du monde.

     --

     Lorsque la meilleure amie de Ferita, May, était venue cogner à sa porte il y a quelques jours pour lui parler du voyage, elle avait tout de suite trouvé l’idée hasardeuse. Mais May trépignait d’excitation sur le pas de sa porte.

     "Mais allez Ferita! C’est une opportunité en or de sortir de notre train-train quotidien, de voir la mer, le soleil…" tenta-t-elle pour la convaincre.

     "Il est là le soleil, May," répondit Ferita, en pointant le ciel. "Inutile d’aller risquer sa vie sur ton île déserte pour le voir. Et figure-toi que je l’aime bien mon train-train quotidien! De toute façon, c’est sûr que je suis allergique aux plantes et aux insectes qui s’y trouvent!"

     "Oh mais ne t’inquiète pas, il y aura un expert-guide qui nous accompagnera. Il assurera notre sécurité à chaque instant. Et la saison des Aboogalas venimeux ne commence que dans deux mois," continua le Kacheek Fraise.

     "Des Aboogalas venimeux! Mais tu n’y penses pas, May. Cette île a l’air cauchemardesque! " répliqua le Xweetok.

     "Et puisque je te dis qu’il n’y aura pas d’Aboogala! Leur saison de reproduction ne commence qu’en septembre. C’est à ce moment-là seulement qu’ils deviennent agressifs. Autrement, ils se terrent dans les crevasses et n’embêtent personne!"

     "Et depuis quand tu es une spécialiste des arachnides?" ajouta Ferita, dubitative.

     "Je me suis renseignée, figure-toi," fit May, visiblement fière. "Tu n’es pas la seule à savoir consulter les encyclopédies de la bibliothèque."

     Le Xweetok Gris lui fit une petite grimace moqueuse avant de continuer : "Je ne peux quand même pas laisser Plumpy seul pendant toute une semaine…"

     "Tu demanderas à ton petit voisin de s’en occuper pendant ton absence, il sera heureux de pouvoir jouer avec lui. Ton Plumpy ne fait que dormir toute la journée de toute façon. C’est une occasion unique à saisir! Un cousin devait y aller, mais son ami est tombé malade. Il a pensé que je pourrais y aller avec une amie à leur place!"

     "Et ça coûte combien ce voyage?"

     "C’est gratuit! répondit May avec un large sourire. Les billets sont déjà payés."

     Devant l’expression faciale de Ferita, visiblement loin d’être convaincue, le Kacheek la supplia.

     "S’il te plaît Ferita, je ne veux pas y aller seule! Et je te jure que si c’est nul, on reviendra plus tôt, tout simplement."

     "Hmm…"

     "Je viens te chercher demain matin à sept heures, ok?"

     "Hmm…"

     Ferita referma la porte alors que son amie repartait. Avec un soupir las, elle se dit qu’elle devait faire ses bagages. Elle tira une lourde valise qu’elle n’avait utilisé qu’une seule fois dans le passé. Ferita se fit une liste mentale de ce qu’elle aurait besoin : des vêtements légers pour le jour, des chauds pour le soir ; des sandales pour la plage, des bottes pour la randonnée. En empilant les vêtements, elle sentit un objet qui se trouvait déjà dans l’une des poches de la valise. Ferita glissa sa patte à l’intérieur et en retira un petit médaillon en forme de coquillage. Ses yeux se remplirent de larmes en le revoyant.

     "Maman…" marmonna-t-elle.

     Elle l’approcha de son oreille. "Quand on y colle son oreille, la mer nous raconte ses secrets." lui disait sa mère. Elle écouta le son quelques instants et prit de grandes inspirations, puis le réinséra dans la pochette.

     Elle continua mélancoliquement à préparer ses bagages. On aurait dit qu’elle se préparait pour des obsèques plutôt que pour un voyage.

     --

     Le lendemain matin, Ferita, se réveilla tôt. Elle n’avait pas très bien dormi, l’idée du voyage la rendait anxieuse. Elle y avait constamment pensé toute la nuit, se faisant des scénarios horribles dans de sinistres jungles inondées, envahies d’Aboogalas géants.

     Elle se prépara malgré tout, se disant que rien de bien grave ne pourrait lui arriver si elle était bien organisée et n’oubliait rien. Elle déposa un bécot sur le front de Plumpy qui ronflait encore, puis sortit.

     Son amie n’étant toujours pas arrivée, le Xweetok Gris fit le tour de la maison pour s’assurer que tout était en ordre. Ne trouvant plus rien pour s’occuper, elle se reposa sur une vieille souche. Ses pensées se remirent à vagabonder. Elle s’imagina la plage, le soleil, les palmiers au vent, les vagues… Les vagues, des vagues énormes, menaçantes…

     "Wow! Tu es déjà prête!" s’exclama la voix de May, interrompant les rêveries de Ferita.

     "Prête, pas prête, j’y vais… j’imagine…" fit le Xweetok.

     Elles se dirigèrent vers le port local, May n’arrêtant pas d’énumérer ce qu’elle avait hâte de faire sur l’île.

     "Paraît qu’ils ont des boissons glacées à la noix de coco aussi! Faudra absolument qu’on y goûte. Je n’ai jamais goûté à de la noix de coco!"

     Ferita suivait, sans grand enthousiasme.

     Sur le quai, le guide se présenta à elles. C’était un grand Mynci Camouflage du nom de Kiki. Il semblait bien connaître l’île et était de toute évidence expérimenté. Ferita savait que le professionnalisme du guide aurait dû la rassurer, mais pourtant, ce n’était pas le cas.

     Durant le voyage sur le navire, Kiki leur parla des attraits de leur destination, mais aussi des situations à éviter et des mesures de sécurité. Ferita n’écoutait que d’une oreille distraite. Le va-et-vient du bateau lui donnait la nausée et elle vomit plusieurs fois lors de la traversée.

     --

     Ils arrivèrent sur l’île en fin d’avant-midi. Une petite visite des lieux avait été organisée ainsi qu’une randonnée en montagne. Les lieux étaient assez luxueux. Ferita se dit que si le voyage n’avait pas déjà été payé, elle n’aurait probablement pas pu se le permettre.

     On leur présenta leur petit chalet personnel. Leur chambre était une vaste pièce avec de grandes fenêtres donnant sur la plage. La vue était magnifique et pourtant, le Xweetok n’était pas rassuré. Les vagues étaient trop proches, elles lui donnaient l’impression qu’elles allaient défoncer la baie vitrée à chaque impulsion.

     "Oh mais détends-toi Ferita! On est au paradis!" fit May, en remarquant sa mine lugubre.

     On leur avait préparé d’avance un petit sac avec tout le nécessaire pour l’expédition : un sandwich, une bouteille d’eau, de la lotion anti-Moquot ainsi qu’un t-shirt avec le logo de l’entreprise. Elles s’installèrent dans leur chambre, revêtirent leurs vêtements de randonnée, puis sortirent rencontrer Kiki. Ferita glissa son pendentif dans une poche, pas question pour elle de s’en séparer.

     Kiki les attendait à l’extérieur du chalet. Ils se rendirent à pied à la montagne qu’ils devaient gravir. En chemin, Ferita s’écorcha les mollets sur des plantes épineuses.

     "Aie!" s’écria-t-elle.

     "Oh, ne t’inquiète pas, ces plantes ne sont pas venimeuses. Mais c’est pour éviter ce petit désagrément que je vous ai dit sur le bateau qu’il est toujours préférable de porter des pantalons longs lors de balades dans la jungle," lui expliqua Kiki.

     Cependant, Ferita n’avait rien compris des instructions qu’on avait données sur le bateau, étant donné qu’elle était nauséeuse et avait dû s’absenter plusieurs fois pour aller aux toilettes.

     À leur arrivée, Ferita réalisa à quel point la montée serait difficile. Elle s’attendait à un petit monticule. De quoi faire bouger les touristes, mais rien de vraiment ardu. Mais il s’agissait en fait d’un flanc de montagne passablement escarpé, serpenté d’un chemin abrupt, aménagé avec de longs escaliers et quelques plateformes ici et là. Le sommet se perdait dans la brume.

     "On doit monter ça?" fit-elle, mi-surprise, mi-horrifiée.

     "La vue au sommet en vaut vraiment la peine," lui répondit le Mynci.

     "Ça va être super!" s’exclama May.

     Ils débutèrent leur ascension. À chaque grincement des escaliers, Ferita serraient les dents et fermaient les yeux en s’agrippant. La structure en acier des passerelles ne respirait pas le luxe comme le reste des infrastructures de l’île. La montée était aussi très dure physiquement. Les mollets de Ferita la faisaient souffrir.

     Ils arrivèrent finalement au sommet et purent se reposer. Malheureusement, les nuages s’étaient accumulés à la cime de la montagne, empêchant d’observer le paysage. Kiki en était très gêné.

     "Tous ces efforts pour finalement ne rien voir…" murmura Ferita.

     "Oui, désolé. Le vent a changé de direction au cours de la montée et les nuages ont été poussés par ici… Mais on peut quand même se reposer, faire un petit pique-nique, puis redescendre."

     Ils s’installèrent et ouvrirent leur sac. Ferita déballa son sandwich et fut écoeurée par l’odeur.

     "C’est un sandwich au Pepito! J’ai horreur de ça!"

     "Oh, pendant la traversée, nous avons demandé à chacun des vacanciers quelle était leur préférence, mais tu n’étais pas là. Lorsque nous serons de retour au chalet, on pourra te servir autre chose, si tu veux."

     Le Xweetok rangea son casse-croute et se contenta de boire de l’eau.

     Une fois leur repas pris, ils entreprirent le chemin de retour. Il commença à pleuvoir. En regardant la longue et périlleuse descente qui les attendait, Ferita fut prise d’un vertige et glissa dans la boue. Elle s’écorcha le genou sur une pierre. Décidément, ce n’était pas son jour de chance. Kiki et May l’aidèrent à se relever et à se débarbouiller. La pluie rendait le terrain plus glissant, mais elle permettait de les rafraichir un peu, alors c’était agréable. Plusieurs fois pendant la descente, Ferita eut peur de glisser et tomber de la montagne. Le chemin de retour fut tout aussi difficile pour elle que la montée. Ses cuisses étaient déjà en feu à cause de l’ascension, descendre fut tout aussi éprouvant physiquement.

     Une fois le trajet inverse effectué, la douce pluie du haut de la montagne était maintenant beaucoup plus drue. Le vent s’était levé et faisait danser les palmiers sur la plage et valser les chaloupes amarrées au quai.

     Ferita et May étaient toutes les deux complètement trempées lorsqu’elles arrivèrent à leur chalet. On leur livra un autre encas sur place pour que Ferita puisse manger. Puis, celle-ci voulu s’installer dans son lit pour lire un peu avant d’aller se coucher.

     Elle écarta les draps et aperçu de petits points noirs qui s’enfuyaient dans l’ombre. Des Aboogalas! Ferita cria d’horreur et s’enfuit hors du chalet.

     "Mais où vas-tu Ferita, c’est l’orage dehors!" lui lança May en la suivant.

     "J’en ai assez de cet endroit, je veux partir. Il n’est pas question que je dorme dans ce lit!"

     "Tu peux dormir dans mon lit si tu veux!"

     "Tu ne comprends pas May, je n’en peux plus," fit Ferita, en montant dans une chaloupe. "Je veux qu’on me ramène à Meridell maintenant."

     Kiki les ayant aperçues se dirigeaient en courant vers elles.

     "Qu’est-ce qui se passe? Il faut rentrer à l’abri, l’orage est vraiment très fort."

     "Ferita veut partir," lui expliqua le Kacheek.

     Il jeta un coup d’œil au Xweetok qui était en crise dans la chaloupe tanguant et comprit tout de suite la délicatesse de la situation.

     "Écoute, je comprends que tu as eu une journée difficile. Demain matin, une fois l’orage passé, on en reparlera."

     Ferita reprit son souffle et les regarda un instant. Des gouttes de pluie (ou des larmes?) lui tombaient dans les yeux, dégoulinant sur sa fourrure. Les flots poussaient sa barque dans tous les sens, tirant sur la corde qui l’attachait au quai. Elle réalisa la position précaire dans laquelle elle s’était placée.

     "D’accord, je suis désolée..." commença-t-elle.

     C’est à ce moment que les vagues eurent raison de la corde de la chaloupe. Celle-ci se cassa et l’embarcation se fit emporter par le vent et le courant. Ferita s’agrippa fermement au rebord de peur de tomber et lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était déjà loin du rivage. Elle voyait déjà difficilement Kiki et May sur la plage qui courraient vers un bateau qui se trouvait à l’écart. Puis bientôt, elle ne distingua plus rien. Elle n’était même plus sûre de quelle direction elle venait ni où elle se dirigeait. Désespérée, elle serra son pendentif fort dans ses pattes et s’assit dans le fond de la chaloupe.

     --

     Ferita se réveilla alors que le soleil se levait à peine. Elle était complètement trempée et avait très froid. L’orage était passé et avait laissé derrière lui un ciel radieux. La mer était maintenant parfaitement calme, le vent était tombé. Le fond de la chaloupe était plein d’eau.

     Elle leva les yeux vers l’horizon. Il était plat et dénudé. Pas une seule île en vue. Découragée, Ferita considéra ses options. Elle commença par vider le fond de la chaloupe avec la petite puise qui était attachée à l’un des bancs. Elle fit ensuite un inventaire de ce qu’elle avait en sa possession.

     Elle avait encore le sac qu’on lui avait donné pour la randonnée. Il contenait la bouteille d’eau qui était presque vide et le sandwich. La lotion chasse-Moquot ne lui serait pas très utile en pleine mer. Elle enleva son chandail, le tordit, le déposa sur un des bancs à sécher et enfila le t-shirt qui était dans le sac. Elle avait aussi son pendentif et la corde qui retenait sa barque au quai. Elle était encore en très bon état. C’était l’anneau qui était vissé dans la planche de bois qui s’était dévissé, pas la corde qui s’était rompue. La chaloupe était aussi munie de deux rames, mais comme il n’y avait nulle part vers où ramer, Ferita ne voyait pas l’intérêt de s’exténuer à la tâche.

     Elle ne survivrait pas bien longtemps avec si peu.

     --

     Et pourtant, elle survit plusieurs jours ainsi. Elle avait trouvé le moyen de produire de l’eau potable (quoique très très lentement) avec la puise, sa bouteille d’eau (maintenant vide) et le soleil. Elle passait le plus clair de son temps à scruter l’horizon à la recherche d’une protubérance au loin, d’un oiseau terrestre qui se serait aventuré au large ou bien, encore mieux, d’un bateau. Mais toujours rien. Sinon, elle rêvassait en observant les vagues. Leurs reflets formaient des motifs abstraits qui ressemblaient à de la peinture à l’huile et semblaient parfois avoir du sens.

     Elle se demanda si on la cherchait ou bien si on avait abandonné tout espoir de la retrouver. Elle saisit le pendentif en coquillage et songea à sa mère. Peut-être était-ce le destin qu’elle se retrouve perdue en mer. Peut-être était-ce l’héritage que lui laissait sa mère?

     "Quand on y colle son oreille, la mer nous raconte ses secrets," se rappela-t-elle à nouveau.

     Elle appuya le coquillage sur son oreille et écouta le bruit monotone de la houle.

     "Je suis perdu," entendit soudainement Ferita dans le silence. Elle en fut tellement surprise qu’elle se demanda si ce n’était pas elle-même qui avait parlé à voix haute. Elle ouvrit les yeux, mais ne vit personne.

     "Il y a quelqu’un?" dit encore la voix.

     Ferita se hasarda à répondre : "Moi aussi, je suis seule."

     "Oh! Enfin quelqu’un! Où es-tu? Je ne te vois pas? De quelle couleur es-tu?"

     "Euh, je suis grise…"

     "Un Walein Gris? Je n’en ai jamais vu!"

     "Un Walein? Je suis un Xweetok."

     "Si tu es un Xweetok, que fais-tu au beau milieu de l’océan et comment peux-tu me comprendre? Les Neopets ne comprennent pas les chants des Waleins."

     Ferita se redressa et regarda par-dessus bord. Elle examina l‘étendue d’eau sous son embarcation, mais les flots ne lui renvoyaient que les motifs abstraits.

     "Je suis dans une chaloupe à la surface. Je suis perdue en mer."

     L’eau autour d’elle se mit à s’agiter tout d’un coup. Une forme transperça la surface et émergea des profondeurs, rejetant un long jet d’air par son évent. Un énorme Walein Blanc se trouvait maintenant devant elle.

     "Eh bien ça alors! Tu es vraiment un Xweetok! Où as-tu appris à comprendre le chant de Walein!?" chanta le Petpet.

     "Quand on y colle son oreille, la mer nous raconte ses secrets. Ça doit être ce que la vieille maxime de ma mère signifiait. Je crois que c’est le pendentif qui me le permet," répondit Ferita après une courte réflexion. Elle enfila le collier autour de son cou et constata qu’elle pouvait encore communiquer avec le Walein.

     "Je m’appelle Ferita et comme je te disais, je suis perdue en mer. Pourrais-tu m’aider…?"

     " Il me ferait plaisir de t’aider. Ça me fera un peu de compagnie. Que puis-je faire? Au fait, je m’appelle Belukha," répondit-il.

     "Eh bien Belukha, pourrais-tu m’indiquer où se trouve la terre ferme la plus près?"

     "Ohhh, c’est vraiment loin. C’est beaucoup plus loin au nord d’ici. Tu ne pourrais probablement pas ramer assez longtemps pour t’y rendre sans mourir de faim," se désolât-il.

     "Hmm, eh bien, te serait-il possible de tirer ma chaloupe, au moins sur une partie du trajet? La corde attachée à la proue pourrait être reliée à un de tes ailerons… Si ça ne te dérange pas? Je n’ai pas grand-chose à t’offrir en échange à part ce vieux sandwich au Pepito…" hésita Ferita.

     "Oh, les Pepitos sont délicieux! J’accepte! On pourra discuter en chemin! Je me sens souvent seul."

     "Parfait!"

     Le Xweetok accrocha la corde de son embarcation au Walein et offrit le sandwich à son nouvel ami. Ils se mirent ensuite en route. Ils bavardèrent ensemble de leur situation. Belukha expliqua pourquoi il avait dit qu’il était perdu.

     "En fait, j’ai perdu mon groupe. J’ignore où ils sont passés. Ils ne m’entendent plus, alors j’ai beau chanter le plus fort possible, c’est inutile," siffla-il tristement.

     "Comment se fait-il qu’ils ne t’entendent plus?" demanda Ferita.

     "Je pense que je chante trop bas pour eux."

     "Trop bas?" interrogea-t-elle.

     "Oui. Vois-tu, les Waleins communiquent avec leurs chants. Ces chants sont caractéristiques de notre espèce, c’est grâce à eux que nous nous reconnaissons les uns les autres. En grandissant, notre voix change, nous acquérons une voix adulte. Je pense que je suis devenu trop gros, ma voix est devenue trop différente de celles des autres membres de mon groupe et maintenant, ils ne me reconnaissent plus comme l’un des leurs. Et ils m’ont laissé derrière…"

     "Mais c’est horrible!" s’exclama Ferita.

     "Bah! Je m’y suis fait… Mais parfois, la solitude me pèse un peu. J’ai été tellement surpris de constater que toi, tu me comprenais!"

     "On a eu tellement de chance de se croiser!"

     "Et toi, que t’est-il arrivé?" interrogea Belukha.

     Ferita raconta ce qui s’était passé. Son appréhension depuis le début à aller en voyage, jusqu’au moment où la tempête l’a emportée au large.

     "Et pourquoi as-tu paniqué?"

     "Hmm… Eh bien, je crois que j’ai eu peur que ce qui est arrivé à ma mère m’arrive à moi aussi. Il y a dix ans, nous sommes partis toutes les deux en voyage sur une île semblable. Ça aurait dû être des vacances fantastiques, mais ça a mal tourné…"

     "Que s’est-il passé?"

     Ferita avait du mal à trouver les mots. Sa voix tremblait. Elle n’avait jamais abordé ce sujet avec quiconque, même pas avec sa meilleure amie May.

     "Eh bien, il y a eu un tremblement de terre. On a dû se mettre à l’abri. Ensuite, elle a voulu aider les habitants à chercher leurs proches disparus et récupérer leurs effets personnels sur la plage. Malheureusement, le tremblement de terre a provoqué un tsunami. Et la mer a avalé ma mère et elle est disparue."

     Des larmes coulaient sur les joues de Ferita. Elle n’était plus capable de faire un seul son.

     "Je suis vraiment désolé," fit Belukha qui ne savait quoi dire.

     "Le pire, c’est que j’ai rasé provoquer ma propre perte, dans ma panique. J’ai considéré cette île comme un danger, alors que le plus grand danger c’était moi," ajouta-t-elle.

     "Oh, mais tu étais angoissée, tu étais épuisée, tu ne pensais pas clairement. Je pense que si ton amie et le guide avaient su ton histoire, ils auraient été beaucoup plus prompts à te rassurer et t’aider dès le départ."

     "Tu as sûrement raison."

     Ils continuèrent de discuter. En chemin, ils trouvèrent une petite île habitée. Les résidents accueillirent Ferita à bras ouverts, lui donnèrent de quoi boire, manger et se reposer. Ils nourrirent Belukha aussi, fascinés de voir un aussi gros Walein d’aussi près. Puis, elle repartit avec le Walein Blanc au large. Elle rama pendant un bout du trajet, mais elle dû redonner la corde à Belukha pour la fin du parcours.

     Avant la fin de la journée, ils arrivèrent enfin à Meridell. Ferita retrouva May, qui s’était fait un sang d’encre, la croyant perdue à jamais.

     "Ferita, tu es vivante! Mais où étais-tu! Que s’est-il passé? C’est un miracle!"

     "Oh May, tu m’a vraiment manquée!"

     Le Kacheek Fraise et le Xweetok Gris s’étreignirent longuement, puis Ferita mena son amie au port du village en lui racontant ce qui s’était passé. May croyait à peine l’histoire abracadabrante de son amie, mais quand elle vit l’énorme Walein Blanc patauger près des embarcations, elle fut tellement émerveillée, qu’elle en resta bouche bée.

     "Et je voulais m’excuser pour tous les soucis que je vous ai causés sur l’île. Toute mon appréhension et mes craintes ont fini par être plus dangereuses que je redoutais de prime abord… J’aurais dû te parler de mon passé beaucoup plus tôt," expliqua Ferita.

     "J’aurais dû prendre tes inquiétudes plus au sérieux aussi. Je suis vraiment désolée moi aussi," convint May.

     --

     Ferita vainquit sa phobie de la mer. En compagnie de May, elle offrit des promenades en chaloupe tirée par Balukha. Celui-ci vécut heureux en leur compagnie, n’étant plus jamais seul et plutôt entouré d’éclats de rires et d’émerveillement.

     El Fin.

 
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